20/20 en Philosophie au BAC Français, des Ivoiriens refusent et crient arnaques

Article : 20/20 en Philosophie au BAC Français, des Ivoiriens refusent et crient arnaques
Crédit: Capture DR.
8 juillet 2023

20/20 en Philosophie au BAC Français, des Ivoiriens refusent et crient arnaques

Les compositions de l’examen du BAC sont désormais derrière, depuis le vendredi 7 juillet 2023. Et le mercredi 5 juillet 2023, plus de 346.905 élèves ivoiriens, ont subi la fameuse épreuve de philosophie, selon une tradition qui, depuis bientôt presque 10 ans, fait passer l’épreuve de philosophie le 3e jour de composition, contre l’ancienne, qui la positionnait le premier jour. Des rumeurs et les experts soutiennent que cette position permet de moins stresser les candidats.

10 jours avant la composition ivoirienne, la France proclamait les résultats du BAC2023. Parmi les nombreux candidats des Lycées Français hors de la France, la note de philosophie d’une candidate du Lycée Blaise Pascal d’Abidjan, a vite fait d’attirer et de mobiliser les attentions.

Elle a obtenu la note de 20/20 en philosophie. Sa collante publiée a vite alimenté les nombreuses pages des Réseaux sociaux qui en ont fait leurs choux gras.

La WebSphère ivoirienne s’alimentant de Buzz, a péroré énormément dans les groupes Facebook, Telegram, WhatsApp. De houleux débats se sont soulevés mettant en confrontation des élèves, des étudiants, des ivoiriens ou non (mais des francophones d’Afrique), des professionnels et non de l’enseignement de la philosophie. Nombreux ont argué qu’une telle note est impossible en littérature face au groupe, peu nombreux, mais informé, de ceux qui postulaient que la note de 20/20 en philosophie est très classique dans le BAC du système français et que cela n’est pas impossible à avoir.

Il y a comme une majorité qui refuse qu’une minorité ait raison…et que le principe de la masse démocratique ne puisse pas être pour ce cas une vérité.

De nombreux ivoiriens et africains francophones – toujours surpris comme le décrivait Henri Lopez dans Tribaliques -, crient au complot, au laxisme, à la recherche de buzz, a l’impossibilité d’une telle note, comme s’ils avaient – eux – inventé la philosophie ou s’ils connaissaient les règles de l’évaluation, d’harmonisation dans ce système. Les réactions ont prouvé et dévoilé que nombreux sont ignorants et ont encore le nez enfoncé dans l’antienne « en littérature on ne peut pas avoir 20/20 ».  Le plus surprenant, était d’observé des réactions des personnes cultivées, qui demeuraient septiques face à la performance publiée.

Les internautes sont devenues des experts en science de la notation, la docimologie. Au lieu de creuser, toutes les personnes qui ont eu le bon plaisir de soutenir, la note, ont presque été traité de plaisantins.   

Le doute est un droit. Mais le doute dans l’ignorance est une folie. Hélas, cette folie s’est observée chez des enseignants fondamentalistes, chez des docteurs, des doctorants monocordes…

Sur la toile, on a pu lire entre autres des arguments comme suit :

– Ce n’est pas une science exacte,

– Il y a beaucoup d’aptitudes à avoir pour réussir une telle note et il est impossible les avoir toutes,  

– Sûrement que c’est QCM ou Questions-Réponses,

– C’est elle qui a composé le sujet ou bien,

– Elle est donc plus forte que Socrate…

– Elle va donc répondre à la question de façon définitive : Qu’est-ce que la philosophie ? (Propos de doctorants…)

Ces avis – des inepties – reposent sur :

– des préjugés historiques fixant l’impossibilité d’avoir certaines notes en Afrique dans certaines disciplines comme la philosophie, la composition française, l’histoire-géographie, les langues…

– la méconnaissance d’autres systèmes éducatifs…

– le plafonnement que certains évaluateurs s’imposent pour éviter de supporter les caprices des inspecteurs, les justifications face à la commission d’expert et à la lourdeurs des rapports à faire pour faire accepter une telle note, si une copie se révélait très excellente…

– la rancune viscérale admise – si moi-même je n’ai pas eu ça, pourquoi donner ça…

Il faut noter, aussi surprenant que cela puisse être, que 20/20 en philosophie est ordinaire dans le système du BAC français. Cela ne veut point dire que les correcteurs sont généreux, mais simplement, qu’il y a des candidats qui présentent d’excellentes productions qui ne laissent pas indifférents correcteurs, harmonisateurs…

Ce n’est pas – en fait – la philosophie qui est questionnée, c’est un sujet de philosophie soumis à des candidats, évalués selon un barème précis. Alors, pourquoi refuser d’attribuer une note si le candidat répond aux critères d’une évaluation ? Les mentalités ne sont pas les mêmes partout.

En Côte d’Ivoire, on entendra : « mets 16/20 sinon tu devras faire un rapport. » Pourquoi un simple rapport devrait effrayer des évaluateurs ? Simplement parce que son évaluation correcte, lui reviendra comme une faute. Chacun évite alors ce que les propres collègues qualifieront de « Tu cherches nom. » Il y a donc de toute évidence un refus des correcteurs à se soumettre à la batterie de rapports pour justifier la note attribuée… Cette raison pousse de nombreux correcteur à plafonner les notes à moins de 18/20.

Concernant les supputations sur l’énoncé de l’épreuve, il faut savoir que le BAC français est belle et bien une rédaction et non un QCM. D’ailleurs ceux qui parlent de cette méthode d’évaluation n’en savent rien. D’ailleurs si l’évaluation en format QCM était si simple, les étudiants ivoiriens en médecine ne souffriraient moins.

Le correcteur du BAC français – selon un retour – dispose de 10 jours environ pour corriger moins de 200 copies au plus. La fourchette reste entre 140 et 180 copies. En Cote d’Ivoire, c’est une course contre la montre. Les enseignants se déplacent à leurs frais, souvent hors de leurs départements, ils sont logés à leurs frais et sont enfin obliger de corriger au moins 400 copies en 3 jours. Quel désastre ! Quel malheur ! Vitesse de lecture, vitesse d’appréciation, notation sauvage souvent. Au-delà de 90 copies / jour, le cerveau commence à ne plus vouloir obéir. Le saviez-vous, chers partisans du NON au 20/20 ?

Dans tous les systèmes du BAC, il y au moins un jury d’harmonisation et de délibération qui discute des notes au cas par cas. Cette séance réussissant des experts disciplinaires divers ne peut être taxées de laxiste.

D’ailleurs un système qui fait souvent plus de 100 pour cent, avec des apprenants qui lisent, des classes moins surchargées et des curricula en concordance avec les profils de sortie, ne peut être si hâtivement taxé. Surtout que tous les cadres ivoiriens, les gourous du Gouvernement, préfèrent y envoyer leurs enfants. Pourtant, ils chantent au quotidien les performances de Notre école, où ne sont pas leurs enfants.

Dans l’élan de comparaison, qui sous-tend le refus d’une telle note et enfonce ses défenseurs dans des préjugés ridicules, mais compréhensible, réside, ce mysticisme toujours entretenu par les maîtres : Elle est génie comment même ?

En parlant du format ivoirien, le QCM dans le système ivoirien est une catastrophe. Chacun y va de son loisir pour tester – non une culture philosophique qu’il n’a pas eu le temps d’installer réellement, mais une réception de quelque connaissance distiller ici et là autour des notions et auteurs vus dans les leçons. Et il n’y a point de règles absolues.

20/20 en philosophie existe ici et ailleurs. Il faut se dégaoutisés…Dans le système ivoirien appauvri par l’APC…on peut y arriver sans trop de sueurs… Mais combien de nos apprenants des nombreux établissements aux classes surchargées lisent ? Le savoir est dans les livres.

Les caciques de ce système et même de nombreux pays francophones d’Afrique qui demeurent non convaincus de l’objectivité de cette note oublient les conditions difficiles de travail des enseignants, la surpopulation des classes et le système de passage systématique presque imposé par les DREN et IEPP (sous le régime Kandia Camara) en quête de pourcentage pour justifier leurs performances. Cette course au pourcentage, les systèmes inachevés et non évalués (PPO matin, FPC à midi et FPC le soir) sont pour beaucoup, responsables du niveau des apprenants ivoiriens, qui eux-mêmes, contre toute attente, sont moulés par l’antienne – ON FORCE PLUS. –

Aux collègues Ivoiriens, très mal informés, formez-vous.

Pour aller plus loin :

Une contribution du Dr Rolins BOKA, Ethicien, philosophe politique et morale. Prof certifié de Philosophie. 

« AFFAIRE NOTE DE 20/20 EN PHILOSOPHIE AU BAC FRANÇAIS, QUE RETENIR ?

La note de 20/20 d’une élève suscite diverses réactions, tant dans l’opinion publique que dans le corps enseignant.

 Dans le milieu des enseignants, certains estiment logique la note obtenue par l’élève, dans la mesure où ladite note n’est pas contraire au barème. A l’opposé, un autre groupe, « fondamentaliste et hautement conservateur », juge absurde et illogique l’attribution d’une telle note, pour une copie de dissertation philosophique. Les défenseurs de cette thèse prennent appui sur un argument d’autorité, tranché et péremptoire, selon lequel il est impossible d’avoir 20/20 en dissertation philosophique.

En tout état de cause, nous estimons que la réaction des dernières cités est normale ; elle se comprend aisément quand on sait qu’ils ont été eux-mêmes dans un système de mystification. Lequel leur fait croire qu’il est impossible d’avoir une note de 20 en dissertation. En réalité, ils sont victimes de « la tyrannie de l’habitude ». A vrai dire, depuis de nombreuses années, des enseignants prennent le plaisir de plafonner les notes, au mépris du barème chiffré. Or une telle attitude relève simplement d’un dogmatisme, contraire aux principes de la docimologie (science de la notation en pédagogie). Si on estime qu’il est impossible d’attribuer la note de 19 ou 20 à un élève, dans le cadre de la dissertation, alors il faut revoir le barème.

A bas les professeurs disques durs ! A bas ! A bas les professeurs fermentés ! A bas ! NB : j’ai eu 19/20 en dissertation, en Master de philosophie. » 

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