Bapo, un village ivoirien éclairé à l’énergie solaire

Le petit village de Bapo se trouve dans le département de Jacqueville, à 6,5 km du village de Akrou, qui lui est à 5 km de la ville. Situé en bordure de la lagune Ebrié entre les pipelines qui drainent le gaz naturel et les cocoteraies villageoises. Faisant face aux villages de Taboth (devenu célèbre grâce au groupe Mapouka Taboth cadence et de Allaba (sous-préfecture de Dabou), Bapo était un beau village animé en raison de la présence de son bac et embarcadère à l’époque où la Société ivoirienne de coco râpé (SICOR) existait.
Aujourd’hui il se réduit à un simple village de deux rangés de maisons de fortune avec en son bout un cabanon en brique, hermétiquement fermé et dont la toiture supporte six (6) panneaux solaires. On peut voir à l’entrée du village, 6,5km avant deux pancartes fières qui invitent à la découverte du village éclairé par l’énergie solaire.
Bapo, est fier de ses huit (8) poteaux électriques qui éclairent le village. Pour le moment, les ménages ne sont pas servis, mais au moins il y a de quoi éclairer les rues et les aires de jeux nocturnes des enfants, des gardiens de la nuit, des amoureux. Il y a même un hangar collectif où chacun peut profiter de la télévision et recharger son téléphone.
En optant pour cette source presque gratuite, le village de Bapo s’inscrit dans la logique du développement durable certes, mais surtout, marque une transition très écologique et économique qui lui épargne les tracasseries d’alimentation en fuel du vieux groupe électrogène dont son électricité dépendait. Il se soustrait aussi de la dépendance d’une compagnie nationale, qui depuis quelques temps s’illustre par les coupures intempestives et gênantes. Ce type de projet d’électrification rurale, se présente comme une alternative de remplacement à encourager dans le nord de la Côte d’Ivoire où de nombreuses zones sombrent farouchement encore dans le noir. Le président de la République en à lui-même fait le constat et annoncé de nombreuses dispositions pour pallier la situation à une date sine die. Paroles de politicien.
En effet, depuis 2010 la Cote d’ivoire, vit la galère des coupures intempestives d’électricité. Les motifs se résument à la vétusté de l’appareillage de la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE) détentrice unique du droit de commercialisation de l’électricité grand public dans le pays. Parallèlement, la demande augmente en raison de la poussée démographique liée aux migrations de la crise ivoirienne, aux sabotages des réseaux électriques pour les distributions et commercialisations illégales du courant…
Ces diverses raisons, doublées de l’incapacité à satisfaire tous les ménages, ont contribué en 2010 à l’exécution d’une politique de délestage programmée afin de satisfaire chaque région et chaque ménage. Ainsi selon des jours, des heures et des zones, l’électricité était distribuée pour que l’Etat garde, sauve sa face.
Dans l’euphorie des crises électriques est né un personnage devenu célèbre de DELESTRON, l’anti-héros du délestage qui se plaît à couper le courant dans nos vies. Depuis 2013, de nombreux efforts de renforcements ont été effectues. Toutes fois, le malin héros DELESTRON, n’hésite pas à frapper quand on manque de vigilance.
Photo(Crédit:Badra)
Ce personnage imaginé au bon moment, traduit l’indéniable malaise de nos Etats qui maintiennent les pays, sous le joug d’une dépendance d’entreprise coloniale, et du faible écho des efforts d’ONG qui s’échinent à faire comprendre et adopter les plans d’énergies alternatives. Il faut libéraliser le secteur et promouvoir les énergies alternatives. Le futur pourrait en dépendre.
Commentaires