Chinoiseries dans l’Université Bling-Bling (6e partie):Le gazon, la sangsue et les hérons

Article : Chinoiseries dans l’Université Bling-Bling (6e partie):Le gazon, la sangsue et les hérons
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6 juin 2015

Chinoiseries dans l’Université Bling-Bling (6e partie):Le gazon, la sangsue et les hérons

Tracteur tondeuse, Bas fonds de l'UFHB - Ph ABC
Tracteur tondeuse, Bas fonds de l’UFHB – Ph ABC

Si la bourse ne vient pas à l’heure, on peut se permettre des tours gratuits et touristiques dans l’enceinte de nos universités nationales devenues par la beauté de leur jardin, des lieux de plaisance et de détentes pour les cinq sens humains. Les immenses étendues de gazon bien tondu sont spectaculaires. Verdure irréprochable, drue, tendre, entretenue au quotidien par des centaines de dames et d’hommes que la vie a durement éprouvés et qui ne cherchent que pitance journalière dans leurs blouses bleues. Tout est donc au mieux dans le meilleur des mondes universitaires ivoiriens. Mais ce mieux est inquiétant et souvent provoquant.

Les étudiants de l’Universités FHB de Cocody, résidant ou non dans les Campus, tournent la situation en bourrique. Pour eux, l’essentiel pour les autorités de ces lieux, c’est « l’entretien du gazon ». C’est seulement en Côte d’ivoire qu’on voit que le Gazon est important. On soigne l’extérieur, pendant que l’intérieur est pourri de nombreux petits problèmes, qui aujourd’hui créent le nid du retour en force de ces nombreux violents syndicats estudiantins. D’ailleurs ces derniers (FESCI, AGEECI, LIGES, CES,….) commencent à marquer leurs territoires sur l’espace universitaire, comme les animaux marquent le leur en pissant. Eux ont décidé de polluer les espaces commun par leurs nombreuses affiches et aux marqueurs. Mêmes les arbres ne sont point épargnés par le syndicat champion de l’affichage barbare : l’Association Générale des Élèves et Etudiants de Cote d’Ivoire (AGEECI).

Mais « ne plante pas du gazon qui veut, mais qui peut», me disait un jour un ami, estimant le coût du carburant nécessaire pour tondre tout ça. C’est une plante de luxe qui pousse selon les caprices du temps et qui exige qu’on l’entretienne, comme le gourou entretien sa maîtresse. (Studios, bijouteries, restaurants, vêtements…Imaginons la suite. Les maîtresses en générale sont – parait-il très exigeantes aiment le chics, les prix non chocs, les choux et les fleurs…)

IMG_5329Irréprochable est la verdure de nos universités. Ce gazon est une sangsue dont le simple entretien – en plus de mobiliser des centaines de bras d’hommes, de mains de femmes devenues calleuses à forcer de contacts avec le sol, de soulèvements de brouettes, de coups de daba dans le sol, – englouti des milliers de litre de fuel. Si vous vous promener à l’université, à l’exception de l’Université Nangui Abrogoua d’Abobo-Adjamé qui devient une litière de rats, de criquets gras…, vous rencontrerez des tondeurs avec des instruments, des machines qu’on monte sur le corps, qu’on pousse, qu’on tient dans la main, sur lesquels on s’assoie comme dans un fauteuil de pacha. Toute une technologie avide de carburant est mobilisée pour ce gazon. Mais cela reste insuffisant, au vu des différents mouvements observés, ces temps-ci, coté terrains de Tennis du campus et au siège de le SIMDCI.

La SIMDCI, société qui s’occupe de l’entretien et du nettoyage de l’espace du campus vient de se doter de 5 tracteurs chinois blingbling et de 3 véhicules de type 4X4 double cabines. Si l’étendue de l’espace universitaire et les pluies actuelles qui favorisent la poussée rapide du gazon et justifient la nécessité de l’usage de gros moyens, on se demande pourquoi de nouveaux véhicules? Si on imagine que les petites tondeuses chinoises très bling-bling et très fashion, dans lesquelles plastronnaient des conducteurs aux airs de patrons, qui au passage, séduisaient avec leurs joujoux toutes ces étudiantes aux gros yeux,  ont – comme on le dit –mouillé face à ce gazon devenu coléreux à force d’être toujours coiffé ; on se dit que les tracteurs sont les bienvenues, bien évidemment s’ils sont du patrimoine du CROUA. Vu leurs plaques d’immatriculation, faut pas rêver. Et ces nouvelles 4X4 immaculées dans lesquelles grouillent chaque matin des hommes surexcités et contents d’aller au travail, comme des rebelles à la poursuite d’évadés ennemis dans Rambo 4, servent à quoi quand on sait que cette SIMDCI a un parc auto impressionnant. Il faut aussi compter son arsenal de plaisance constitué de véhicules de plage et terrain difficile. Des Karts bruyants qu’aiment conduire de petits blancs. – Le campus est devenue est lieux de plaisance.On se demanderait combien leur coûte leur contrat ?

Parlant de cette société, elle a investi après la réhabilitation, les locaux de l’ancienne Poste et Banque de l’UFHB. Ce lieu donnait au campus un air d’Université moderne, mais que les envoyer de l’ancien Ministre Cissé Bacongo, n’ont pas hésité à vider pour le transformer en bureau d’une entreprise privée. Pourtant avec tout l’argent engloutit dans la réhabilitation, elle pouvait se permettre de se construire des locaux provisoires, comme on le voit pour d’autres compagnies, construisant le pays. Une bêtise simplement. La Poste avait sa place. La banque avait sa place. Mais bon, ceux qui ont pensé l’Université émergente, ont encore décidé de ce qu’ils pensaient bien pour le petit peuple d’étudiants.

Pendant que le luxe circule, la misère des étudiants augmentent. La rumeur dit que le simple budget alloué pour entretenir le gazon avoisine les 2 milliards. Et quand le gazon drue passe sous les lames tranchantes de ces bolides tondeuses, délogeant les criquets dans leurs nids et trous, un ballet d’hérons pic bœufs blancs accompagne. Dans ce mouvement émergent, seuls ceux qui sont proches ont l’occasion de manger. Je parle des hérons.

A bientôt. Nous verrons si en ces temps de pluie, l’émergence a pensé l’affichage et le séchage sur le campus…

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Commentaires

Gérard Kouassi
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belle plus. rien que la réalité. merci et courage

A.B. Ladji Coulibaly
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Merci lami et à bientot. on parlera de ces toilettes