Kong, billet retour d’une visite de la ville historique

Article : Kong, billet retour d’une visite de la ville historique
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18 décembre 2020

Kong, billet retour d’une visite de la ville historique

Monsieur Iyanda W., un ami de fac, me rend visite. Un court séjour de courtoisie qu’il a transformé en véritable Odyssée dans Kong, une ville historique de la Côte d’Ivoire. De retour chez lui, il m’adresse un témoignage que je partage avec vous. Bon voyage et belle promenade dans Kong, une ville historique du grand Nord ivoirien.

 »Ce qui devait être une visite de courtoisie à un ami, un collègue, un frère, exerçant sa profession à Kong, ville présidentielle, s’est muée en une inoubliable exploration, dans une ville mythique et mystique. » M. Coulibaly A.Badra Ladji est un ami plein de qualités qui ne lésine pas sur les moyens pour visiter ses collègues, ses amis, quelque soit leurs lieux de résidence. C’est ainsi qu’en 2018, il m’a honoré de sa visite à Diawala, ville où j’exerce le métier d’enseignant de philosophie. A cette époque, il en a profité pour visiter le village de Sordi, situé à quelques encablures de Diawala, un village clôturé par une muraille d’une hauteur et d’une épaisseur pantagruélique. Une véritable forteresse pour se protéger des attaques de Samory Touré, plusieurs siècles  en arrière. C’est donc dans un esprit de « visite de courtoisie » que je me suis retrouvé deux ans après chez mon ami, du jeudi 10 décembre au samedi 12 décembre 2020. Alors, comment une visite de courtoisie se mue-telle en une exploration ? Quelles sont les trois raisons de visiter Kong ? Quel regard critique pouvons-nous dresser ?

De la visite de courtoisie à l’exploration

Confucius disait à bon droit ceci : « Trois sortes d’amis sont utiles, trois sortes d’amis sont néfastes. Les utiles : un ami droit, un ami fidèle, un ami cultivé. Les néfastes : un ami faux, un ami mou, un ami bavard. » Mon ami Coulibaly ou ABC est assurément de la première catégorie dont parle Confucius. Depuis deux ans qu’il m’a rendu visite à Diawala (ville située au Nord de la Cote d’ivoire), il n’a jamais réclamé une visite de ma part, il ne m’a jamais fait de reproche. Cela est l’expression de sa droiture et de sa fidélité. Il est un ami cultivé, car lorsqu’il m’a reçu le jeudi 10 décembre, son premier réflexe a été de me faire visiter la bibliothèque municipale de Kong. C’est à cet ami, que j’aime appeler « l’Eclaireur », que j’ai rendu visite. Le même jour du jeudi, il m’a fait visiter la ville. C’est donc l’attitude d’un homme cultivé et de cultures qui a fait basculer ma visite de courtoisie en une exploration. C’est le lieu pour moi d’exposer les trois raisons de visiter Kong. Ces trois raisons découlent naturellement des impressions que j’ai eu en visitant Kong.

Les trois raisons de visiter Kong

La première raison : la cohabitation entre tradition et modernité

Les autorités (coutumières et politiques) ont réussi à faire cohabiter tradition et modernité. Le symbole de ce savant mélange est sans nul doute la bibliothèque municipale Luis Gustave Binger de Kong. En effet, cette belle bibliothèque, tenue par M. Julien G., où l’on trouve toutes sortes de livres aux thèmes divers et alléchants, abrite sur le même site la maison où a séjourné le célèbre explorateur Louis-Gustave Binger. J’ai eu la chance de visiter sa maison de deux pièces construite avec des matériaux traditionnels qui résistent au temps. Dans ce qui est convenu d’appeler sa chambre, j’ai pu voir et admirer son lit posé à même le sol, fait en terre. Une petite ouverture en triangle, laissant échapper quelques lueurs, fait office de fenêtre. Au surplus, j’ai visité vendredi 11 décembre la grande Mosquée qui date du XVIIe  siècle. Ici encore, tradition et modernité flirtent. J’ai été bluffé de cette intelligente des autorités (coutumières et politiques). Le dilemme était assurément celui-ci : faut-il détruire la vieille mosquée et y mettre à la place une autre plus belle et moderne ? Elles ont gardé la vieille mosquée et ont construit tout autour des espaces ouverts modernes et  gigantesques de prières. Quand j’ai pénétré la vieille mosquée, j’ai été surpris de l’atmosphère pittoresque qui y régnait. J’ai découvert des centaines de chauves-souris accrochées au toit de la mosquée. Des chauves-souris cohabitant avec des hommes : quel mystère ! Mais,  J’ai aimé !

Le même jour, j’ai pu voir le « daba » du XVIIIe siècle, entendez « la grande porte » : toute une histoire. Le samedi 12 décembre, j’ai visité deux lieux historiques : la petite mosquée du XVIIIe siècle et la stèle érigée à la mémoire des soldats tombés lors du siège du fort de Kong, entre le 14 et le 27 février 1898. 

La deuxième raison : une ville devenue moderne

L’allure moderne de Kong est sans appel. Ce qui m’a frappé, de prime abord, c’est le bitume. Les grandes artères sont bitumées. Je me suis exclamé : « Kong la coquette ! ». J’ai pu visiter une cité de 180 villas. Un projet énorme qui donne un cachet particulier à la ville. La nuit tombée, Kong ne perd pas sa beauté. Les rues éclairées donnent l’envie d’écumer tous les grains de la ville. Par ailleurs, plusieurs institutions étatiques sont représentées. Des impôts aux armées, en passant par les écoles. Il fait bon vivre à Kong. Parlant d’école justement, j’en viens à la troisième raison qui est le lycée de Kong.

La troisième raison : un lycée pas comme les autres

Le lycée moderne Dominique Ouattara est la troisième raison de visiter Kong. Ce Lycée m’a marqué, au premier abord. Je disais, avec émotion, à mon ami ABC ceci : ce lycée ressemble à une université. Je n’exagère vraiment pas. Je connais plusieurs universités du pays. Mon jugement est donc a postériori. Ce lycée est une chance pour les enfants de Kong. La somptueuse bibliothèque, les terrains de football et de handball, les espaces verts, les beaux arbres (notons que certains furent plantés par mon ami Coulibaly Aly Badra Ladji, ses bureaux y sont, comme par enchantement), le beau bureau de mon ami flanqué d’une bibliothèque, les salles de classes dotés de brasseurs, les belles allées sont autant de raison de tomber amoureux de cette ville. Cependant, ma formation d’ingénieur de l’esprit m’enjoint d’exposer ce qui m’a déplu. 

La mauvaise note

Kong est situé à 112 km de Ferkessédougou. La ville est littéralement pris en emmaillotage par Nanssian, Kafolo, Dabakala. Elle est au nord-est de la Côte d’Ivoire, à 485 km d’Abidjan. Elle compte plus de 10 000 habitants, avec une superficie de 183 km2. Il est composé de 13 quartiers : Kômisso, Somansso, Tchéréhou, Barrola, Somagana, Couribarsso, Sagara, Daoura, Korola, Cissera, Djohngosso, Sanogosso et Traoréla. Le quartier fondateur de Kong est Tchéréhou. Le chef actuel est Ouattara Fakary. Kong fut créé au XVIIe siècle selon les témoignages recueillis. Érigée en sous-préfecture en 1961, Kong n’a pas réussi à sortir de son enclavement, malgré son nouveau visage. Avant de prendre la route pour Kong ce jeudi 10 décembre, j’ai appris qu’il n’y a qu’un seul véhicule qui part de Ferkessédougou pour Kong, une seule fois par jour en aller simple. Alors, je décide d’user d’une puissante moto pour honorer mon amitié avec M. Coulibaly.

A ce stade de la frénésie de ma plume, je voudrais relater une anecdote qui prouve qu’il s’agit d’une ville enclavée. En roulant à moto ce jeudi 10 décembre 2020, sur 112 km, j’étais pratiquement seul sur la voie. Tout laisse à penser que Kong n’attire pas le monde. Cette mauvaise note est une interpellation aux autorités. Elles doivent trouver des moyens de vendre Kong, la coquette !

Que retenir du voyage ?

Mon voyage a été une belle odyssée. Il a été utile et agréable. Utile, en ce que j’ai pu entretenir mon amitié avec Coulibaly et agréable, parce que j’ai pu découvrir des choses extraordinaires. C’est le lieu pour moi de remercier mes collègues enseignants du lycée moderne Dominique Ouattara et spécialement le président de leur amicale M- DO BI DO Jacques. Une mention spéciale à mon ami, et frère Coulibaly Aly Badra Ladji (ce spécialiste des voyages et du tourisme de proximité) et au jeune Ouattara Bassory, élève en terminale A et par ailleurs fils d’une famille de la chefferie. Je vous dis à bientôt !

      IYANDA WASSIOU, Professeur de philosophie au lycée moderne de Diawala en visite à Kong. »

J’espère que vous avez aimé… Prochaine visite, Lokoli.

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