Chinoiseries dans l’Université Bling-Bling : Les Restaus ‘U’ et le « Only for dog ». (4e partie)

9 mai 2015

Chinoiseries dans l’Université Bling-Bling : Les Restaus ‘U’ et le « Only for dog ». (4e partie)

A l’Université FHB de Cocody, les étudiants résidents au Campus et/ou non éprouvent d’énormes difficultés pour trouver à manger. Les restaus U qui ont survécu à la réhabilitation ont du mal à satisfaire quantitativement, mais surtout qualitativement les étudiants. D’ailleurs ces entreprises de restauration qui ont raflé l’appel d’offre, n’ont rien de philanthropes. Business, profit sont leur leitmotiv. On s’imaginerait qu’elles font de leur mieux, face à la masse d’étudiants qui prend d’assaut chaque jour les entrées du bâtiment C du Campus ancien de l’UFHB. Si la qualité n’est jamais au rendez-vous, la quantité reste insuffisante quand on imagine le parcours du combattant qu’il faut effectuer pour se faire servir. Il est à remarquer qu’à l’ouverture des Universités ivoiriennes, dans la ville d’Abidjan, seuls les restaurants des campus de Cocody, d’Abobo-Adjamé ont repris du service sur les environs six (6) existant avant la fermeture. Selon les échos des menus, les étudiants pouvaient se donner le loisir d’emprunter un bus, traverser Abidjan pour aller se restaurer soit à la cité de Port-bouet, soit à celle d’Abobo et revenir au cours. Cette époque pas trop loin de maintenant est révolue. Maintenant il faut faire le rang. Faire le long rang au bout duquel il y a un plateau, un plat selon un menu de 3 proposition et un fruit si l’étudiant est arrivé tôt. Faire le rang est même une activité qui peut occuper toute une matinée. Ceux qui viennent de loin, et qui sont abonnées au restaurant, sont déjà présents dans la file dès 10h. Ils préfèrent attendre 2h dans une file pour le plaisir de leur panse. Dans tous les cas, ils n’ont pas le choix.

La furie des concepteurs

Avoir le choix dans cette université est une option de luxe et de privilégiés. En pensant la nouvelle université, les concepteurs, n’ont pas considéré l’étudiant. Disons qu’ils ont mis l’étudiant à un piédestal que lui-même ne peut ni se le permettre ni se l’imaginer. Les concepteurs ont oublié que l’ère d’Houphouët Boigny où être étudiant avait de la valeur, était un souvenir que seuls de vieux nostalgiques se permettaient souvent de ressasser quand ils sont replet. Car l’étudiant avait un statut social tétanisant, enviable, respectable. Sa simple carte brandie pouvait, selon la chanson du zouglouman Bilé Didier, emballer des cœurs de jeunes filles en quêtes de sensation fortes. Les concepteurs ont détruit tous les restaurants privés qui soutenaient si on peut le dire les Restaurants Universitaires et qui offraient du travail à quelques vieux diplômés désillusionnés et déçus du système ou attendant d’avoir la somme nécessaire pour s’acheter un concours. Les concepteurs ont en lieu et place construit des restaurants de luxe que l’étudiant lambda ne peut qu’admirer avec envie l’écriteau présentant le menu les prix en face et avaler, avant de continuer tristement son chemin, quelque salive.  A l’époque avant la fermeture, les restaurants privés et surtout garbadrome, servaient de lieu de rendez-vous de quelques étudiants qui avaient le privilège d’avoir un billet de 1000 FCFA en poche par semaine. Ils pouvaient même se permettre d’inviter une de ses étudiantes dont la simple vue des fringues et l’imagination de combien ils pourraient coûter, effraye le novice. Mais tout a été rasé et remplacé par l’inaccessible ou le difficilement accessible. Les pauvres vendeuses de beignets qui font le bonheur des étudiants, sont traqués comme les animaux de brousses après l’annonce de la disparition du spectre d’Ebola, par les quelques CRS corrompus affectés à la surveillance des aires universitaires. Finalement, ont transformé les campus en désert.

D’avant à aujourd’hui ; les menus ‘Only for dog’

On a toujours raconté qu’a une certaine époque, l’Université avait des restaurants universitaires enviables. « On avait les ticket, le café matin, le bus, la buanderie, on avait un statut. Le matin, quand je sortais, quelqu’un attendait de récupérer la clé pour mettre de l’ordre dans la chambre et refaire le lit ». Ce vieux qui relate nostalgiquement ces bons moments au campus, tombera des nus s’il découvre à quoi ressemblent le campus et les restaurants U depuis au moins 20 ans. Maintenant on sert le « Only for dog ». Confier votre clé à un prétendu homme de service, il dépouillera le contenu. La buanderie, ça n’existe plus. Et le reste, pas la peine même de l’évoquer. Rien donc n’a changé. Ce qui est marquant dans les restaus U ivoiriens des universités du « départ nouveau », c’est la fréquence des menus identiques. Comme si les cuisiniers n’avaient pas le choix de la variation…varier. Les restaurants U ont des menus mélodieux dignes des restaurants parés d’étoiles, mais se limitent à 4 types de sauce. La sauce légume est la plus acceptable et très populaire. Elle ressemble aux soupes collectives des années des crises de 1929-1930. La sauce gougouassou ou aubergine reste acceptable, mais à désirer. La sauce gombo sec se liquéfie au repos. Il ne faut pas souvent s’y hasarder. Enfin la fameuse sauce graine et son arrière-gout de graines issues des plantations industrielles du pays, que même le gombo sec ajouté n’étouffe pas. Les restaurants U proposent des plats spécifiques. Si c’est le riz grand classique, vous êtes sauvez. Si c’est l’attieké, imaginez qu’on l’a au moins réchauffé 2 ou 3 fois pour le rendre mangeable. Si c’est du placali, la patte à coller les affiches est mieux, les assiettes retournent en majorité inachevées. Quand c’est de l’igname bouillie, le tubercule de mauvaise qualité reste sans gout. Les pattes spaghetti ressemblent à des menus de camps de formation scoute ivoiriens. Enfin, les fruits sont souvent de la banane ou des oranges de la pire des qualités. Aucun gout, aigre à mort, sans jus. Tous les stocks invendus des marchés sont servis aux futurs cadres du pays. Les responsables des restaus U ne choisissent que des produits de très bas prix. Pourtant les repas servis dans ces restaurants bénéficient de la subvention de l’Etat.

La situation ailleurs

Les adeptes pour justifier leur choix en matière de lieux de restauration avance que le restaurant U est hygiénique et équilibré. Ils n’ont pas absolument tort, si un plat avec une sauce dans lequel baigne un morceau de poison mal cuit hâtivement à la vapeur ou un morceau de poulet mal grillé et un fruit suffit pour dire que le repas est équilibré. Toutes fois, pour le prix qu’un plat de Restau U coûte, la qualité devrait être revue. Le repas coûte environ 600 FCFA (1Euro). L’étudiant paye un ticket subventionné à 200 FCFA. Dehors avec 200FCA impossible d’avoir un garba, mais avec 500FCFA on peut s’offrir, si on à ce pécule, un bon repas, chez une bonne dame. A une certaine époque la différence entre le prix d’un repas dit subventionné au restau U et dans un restaurant privé (au Palmier ou ailleurs) était 50 FCFA. L’étudiant pouvait se permettre de ne pas aller poireauter dans les longues files devant les restaurants U. Mais l’Université du nouveau départ, n’est pas une université pour les enfants dit « des pauvres » ; ceux delà la classe de masse. L’ex-ministre de tutelle CISSE BACONGO, disait fièrement à la télévision nationale RTI1 que « ce qui est cher est ce qui a de la valeur ». Les frais d’inscription qu’il a abusivement augmenté n’ont rien changé à la qualité de la vie universitaire. Ni des maîtres, ni des apprenants. Bien au contraire, il n’a fait que augmenté la souffrance des ivoiriens. Mais lui ne le sais pas. C’est un privilégié. Il est Ministre. Il a oublié. Au palmier, il faut avoir au moins 500FCFA. Le coup des plats variant entre cette somme et 1500FCFA ne donne pas la possibilité à tous de manger rapidement pour reprendre les cours. Or cette somme dans un contexte d’émergence est un luxe pour les étudiants. Ceux qui n’ont pas cette somme vont au restaurant U ou se content soit d’un gbozon, soit d’une prière. D’après un passant le Palmier est  désormais faits pour les « uns », parce qu’on ne veut pas que l’étudiant présente des signes d’aisance, alors on le réduit à des repas communautaires. C’est aussi cela l’émergence doyodoyo, dans l’université blingbling ou tout a augmenté. Mais les bourses sont restées tel. Ce régime aime prendre, encaisser, mais quand il s’agit de donner, il calcule. On parlera des bourses. Bientôt. Shaloom.

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