A.D.O: La diarrhée est un mal impudique et imprévisible

Article : A.D.O: La diarrhée est un mal impudique et imprévisible
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20 juillet 2016

A.D.O: La diarrhée est un mal impudique et imprévisible

Sur la bande cotiere, tout espace est bon pour se soulager (Ph.ABC)
Sur la bande cotiere, tout espace est bon pour se soulager (Ph.ABC)

Honorable, chère Madame la Ministre Anne Désirée Ouloto (ADO)

La diarrhée est un mal qui frappe sans coup férir. Nous avons vécu des instants d’inquiétude, j’ai donc décidé de vous narrer l’aventure douce et amer de mon ami.

Quand je dis nous, je parle de tous ceux qui ont au la chance de tomber sous le charme d’une ville d’un autre pays, que le sien.

J’avais promis de vous envoyer, malgré mes doutes sur la qualité de la transmission de la Poste, mes diverses remarques et expériences dans nos villes et sur vos actions.

Ce jour, je vous raconte, si vous me le permettez et si vous avez le temps de lire par vous-même ma missive, la belle histoire d’un citoyen frappé du non moindre malheur qui s’appelle diarrhée.

Nous sommes partis ce matin là du Campus de l’Université Nouveau Départ FHB de Cocody-Abidjan. Ce n’est pas que mon ami et moi sommes étudiants pour toujours continuer à pleurer, mais parce que Allah dans son immense Bonté nous a dit que c’est là que notre pain quotidien sera fabriqué. C’est donc par devoir que nous y étions.

Savez-vous surement les problèmes que nos petits frères y rencontrent. En ce moment à l’UNDFHB où tout est bling-bling, rien ne va depuis que notre présidente est devenue ministre. Jusque là les camarades l’ENS, promotion Sidibé Valy, après avoir vaillamment servi la République n’ont rien reçu de leur prime. Aussi on veut chasser les étudiants, les enfants des gens, de ceux qui ont voté ou non le PRADO en pensant qu’il apporterait des vraies solutions au problème de l’école ivoirienne. Il y a aussi les Camarades des je ne sais combien de syndicats nées au gré des frustrations. Les enfants d’une même mère qui veulent chacun tout à la fois et qui se fragmentent pour troubler le sommeil des pauvres oreilles des autorités universitaires. Les raisons de leur colère, si on y prête attention sont légitimes. Ils ne veulent qu’une seule chose : que l’université soit normale dans ce pays pour foutre la paix à nos oreilles.

Au risque de me perdre, revenons à nos moutons. Je disais qu’au nom d’une certaine #Francophonie et de ses #Jeux on veut vider les étudiants de leur Résidences pour encore environs 10 mois, pendant que ces derniers sont loin d’avoir fini leur classes de l’année en cours. L’Université du Nouveau départ est parti du mauvais pied, malgré les deux ans de fermeture pour réhabilitation. A qui la faute ? Dans tous les cas, c’est le pauvre qui a toujours tort. Il a toujours tort parce que le politicien, pense toujours qu’il est mieux placé pour décider de ce qui est bon pour les pauvres. La Francophonie je ne sais pas si elle est au courant, mais je me souviens qu’une des valeurs qu’elle promeut est l’éducation. Alors comment comprendre qu’en son nom, de pauvres étudiants, pendant qu’ils partent à l’école soient foutus dehors, parce que les étrangers de la Francophonie doivent être privilégiés. Et on va nous convaincre que c’est bien, que c’est normal, que tout ira bien dans le meilleur de ce monde. Bon Allah connait le destin des hommes et le vrai dessein de leurs actes.

Ce matin, il y avait plein de policiers encore. Allah seul sait pourquoi. Les policiers font leur loi sur la Cité. Dieu merci, je n’ai jamais compris le sens de franchise universitaire dont les syndicats estudiantins réclament toujours l’application. Et comme ceux-ci, nos CRS, du haut de leur BEPC, flanqués d’armes lourdes avec lesquelles ils se pavanent comme dans un Far West, dans un milieu d’intellectuels, ne savent pas distinguer qui est qui dans l’espace de l’Universitaire quand la FESCI et ses collègues, leurs foutent la frousse, la sagesse de revenir d’où nous sommes partis, nous a animé.

Je n’imaginais pas la gène dans laquelle, mon ami se trouvait. J’alimentais la conversation, et jusqu’à ce que je découvre son malheur, il a fait preuve de courage. Dans le Gbaka où nous nous sommes installés, il avait le visage radieux, le sourire au rendez-vous. Mais rien des goutes chaudes qui dégoulinaient et des ses tortillement discrets n’avaient réussi à m’interpeler, à m’habiter d’un brin de soupçon. Sinon je lui aurais peut-être donné des leçons rapides, du genre : Comment se positionner pour faire remonter la diarrhée dans un véhicule ? Comment respirer pour ne pas fait le pet urgent qui peu être désastreux ? Comment maintenir le sourire quand l’anus a du mal à respirer…Mais toutes ces leçons, mon ami les a apprises par intuition. Normal. Entre ami on apprend à se connaitre. Il a du aussi apprendre de moi en certaine circonstance, de nombreuses choses.

Entre l’Ecole de police et la CIE à Adjamé, le trajet fut ponctué de plusieurs arrêts qui sans doute, faisaient bouillir à l’intérieur mon ami de colère et d’impatience. Ils maudissaient, sans le vouloir, ceux à cause de qui le véhicule devait s’immobiliser. En son fort intérieur, il avait ses plans de descentes, avait nul doute déjà cartographié et verrouiller l’axe de son trajet vers les toilettes les plus proches, l’éventualité des broussailles en cet Abidjan étant à rejeter, et mesuré le temps qu’il lui fallait pour atteindre ce lieu où le saint trous se trouvait ainsi que la distance.

Après moult arrêts, d’innombrables coups brusques de freins et d’accélérations dangereuses, nous voici sur le pont conduisant à La Liberté. Mon ami avait arrêté de parler, de me répondre, de critiquer la mauvaise conduite du chauffard qui nous emportait. La couleur noire de son visage variait d’un bon du vehicule à une déviation de nid de poule. Sur le pont, la véhicule s’immobilisa une  fois de plus, non point pour laisser descendre un passager, mais pour suivre le rythme de l’embouteillage que cet endroit connait, parce que des policiers véreux, qui s’y trouvent souvent, refusent de faire leur travail. L’apprenti en ces moments, opportuniste, comme ils le sont tous, crie : Terminus. Les tchruus sortent des gorges. Pendant ce temps, mon ami avait disparu sans que je ne sache comment.

De loin je l’aperçu se faufilant entre véhicules et piétons dans la direction de La Liberté. Il se laçait surement du rythme de cet embouteillage qui semblait ne pas vouloir finir. Son sac en main, je l’admirais au loin planer, sans même jeter un coup d’œil ni à gauche, ni à droite. Il avait, comme une fusée lancée un objectif à atteindre. 10 minutes plus tard, mon cellulaire crépite. Au bout du fil, il m’annonce être dans des toilettes non loin de l’ancien cinéma Liberté. Je m’y rends à la hâte, un peu soucieux, mais ayant tout de suite compris pourquoi, il s’en était allé sans dire mot du Gbaka.

Madame la Ministre, la fâcheuse déconvenue, qu’a connu mon ami aurait pu se régler si quelqu’un du sommet de l’Etat, avait pris le soin de penser à des toilettes publiques disséminées un peu partout en Abidjan. Des toilettes qui relèveront de l’initiatve de l’Etat, comme on en trouve dans les gares de métros, dans les parcs, sur les voies publiques dans les pays où tout est pris au sérieux. Des endroits où les gens peuvent se soulager, uriner, sans avoir à risquer l’humiliation. Construire des toilettes, c’est aussi offrir à la jeunesse ivoirienne des emplois. Gérant de toilette. Ce n’est point un sot métier, encore moins un métier pour telle ou telle nationalité. Les toilettes publiques semblent nourrir leur homme. Un travail que j’aurais eu du plaisir à faire si papa n’avait pas eu la clémence de me mettre à l’école des blancs. Maintenant pour moi, il est tard pour envisager ce métier. Mais je crois que c’est un secteur juteux, vers lequel l’Etat pourrait aussi orienter les jeunes, au lieu de compter le nombre de greffeurs d’hévéa formés, parmi les plus d’un million d’emplois dit offerts.

Les toilettes qui existent sont, sont tenues par des ressortissants d’autres pays qui en ont fait un objet de commerce juteux. Quand je vois l’eau qu’ils gaspillent en longueur de journée, je me demande leur type d’abonnement SODECI. Mais la lourdeur des bananes qui enlacent leur Gérants, en dit long sur les recettes journalière. Taxi clé en mains, Boutique clé en main, pourquoi-pas songer à des Toilettes clé en main – pour la santé de nos villes et le malheur des pisseurs passe partout – en lieu et place de ces Containers placés ici et là dans la ville d’Abidjan ?

Mon ami avait fini, par se débarrasser de l’épine qui l’empêchait de mener une conversation normale. Je le sentais à nouveau jovial et souriant. Il était devenu subitement léger comme une plume. La diarrhée développe en l’humain, qui qu’il soit, des réflexes extraordinaires. Elle m’a permis de découvrir en mon ami balourd, sa prouesse au sprint. Nous étions maintenant dans un autre Gbaka en direction d’Abobo par la Zoo, non sans avoir invoqué la clémence du bon Dieu, de nous préserver d’une telle aventure diarrhéique. Chemin faisant, nous avons une fois de plus admiré les traces de votre passage. Surement l’objet de ma prochaine correspondance.

En vous souhaitant bonne lecture, à très bientôt.

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Commentaires

Benjamin Yobouet
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Hahahha, c'est sûr qu'en se mettant dans la peau de ton ami à la diarrhée on comprend mieux la nécessité des toilettes publiques !

A.B. Ladji Coulibaly
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ha, il te faut du courage, mon frere.