Chinoiseries dans l’Université Bling-Bling : séchage à fenêtre ouverte

Article : Chinoiseries dans l’Université Bling-Bling : séchage à fenêtre ouverte
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27 juin 2015

Chinoiseries dans l’Université Bling-Bling : séchage à fenêtre ouverte

Fenêtres de Chambre d'd'étudiant à Cocody (Ph.Badra)
Fenêtres de Chambre d’d’étudiant à Cocody (Ph.Badra)

Huitième épisode de ma série, avec aujourd’hui le problème du linge que les étudiants font sécher aux fenêtres, malgré les interdictions…

Dans les campus universitaires ivoiriens, les interdits vont croissant. Mais quand on interdit une pratique, il faut bien proposer des moyens alternatifs qui conduiraient aux changements de comportements. En Cité U, il est formellement interdit de laisser sécher le linge aux fenêtres, aux balcons et à n’importe quel autre endroit que ceux indiqués… mais qui n’existent nulle part.

Le règlement intérieur du CROU-A, cette institution en charge de la gestion des œuvres universitaires en Côte d’Ivoire (restauration, bourses, cités), est précise bien en son article 19 : « Il est formellement interdit de sécher le linge aux fenêtres et balcons, et de jeter des ordures sur l’espace. Tout contrevenant à cette règle s’expose à des sanctions. » Derrière cette consigne, un souci de maintien de l’esthétique externe de ces espaces chiquement entretenus.

Plus sain de laisser son linge à la fenêtre

Mais voilà, depuis l’ouverture des résidences universitaires, sur les 12 autres que compte la ville d’Abidjan, des étudiants ont trouvé judicieux de sécher leurs linges aux balcons de leurs paliers et aux fenêtres de leurs chambres. Ce comportement intuitif, stratégique et naturel répondrait à des soucis de sécurité et de santé.

A une certaine époque en effet, les Cités U disposaient d’espaces aménagés de séchage de linges. Malheureusement, la furie des bulldozers des concepteurs de l’université du départ nouveau, a tout balayé, pensant que les buanderies blingbling aux canalisations gauchement installées et aujourd’hui flanquées – Allah seul sait pourquoi ? – d’écriteaux ‘CUISINE’ – pour certainement plaire à la Francophonie – suffiraient. En l’absence de ces anciens lieux, détruits avec l’intention de mieux faire sans jamais rien avoir fait de mieux, les résidents n’ont trouvé que ces lieux qui s’offraient à eux. En étalant leurs linges aux fenêtres, ils se donnent la chance de les retrouver à leur retour de cours.

D’autre part, les buanderies mal aménagées sont transformées en salles d’études occasionnelles, car, celles dédiés à cette activités sont de plus en plus, mises en location par le CROU-A à des particuliers, qui en font des lieux de commerces (centres de reprographie, restaurants, cafés, auto écoles…). En choisissant de faire sécher leurs linges aux fenêtres, les étudiants évitent les tics, puces et autres verres présents dans l’herbe drue et de facto des maladies de la peau que ces bestioles pourraient occasionner.

IMG_20130101_015650En agissant pour sécuriser leurs vêtements et se préserver d’éventuelles maladies, les chanceux étudiants résidents, détruisent l’harmonie OBV de l’espace dont la beauté est chère aux autorités en présence, qui ont même réquisitionné un bâtiment entier pour en faire la résidence de familles de certains travailleurs du CROU-A. Au lendemain d’une conférence -bilan de visite des sites des futurs Jeux de la Francophonie, conférence annoncée avec beaucoup de fanfares, mais à laquelle, les organisateurs et communicateurs se sont illustrés par un retard magistral le 14 juin, des réunions de mise au point ont été tenues avec les différents chefs de paliers des résidences « U » de Cocody. Il leur a été demandé de soigner les apparences, de dégager des balcons et fenêtres tous vêtements, d’aménager eux-mêmes les buanderies en espace de séchage et de sourire à tous les étrangers qui viendraient voir les installations du futur village des Jeux.

Les gens ont voulu soigner les apparences pour faire comme si tout allait bien. Dans ces résidences, où le moindre rassemblement d’information des étudiants attire automatiquement, comme le miel attire les abeilles et la pourriture, des mouches vertes; des hordes de policiers de la CRS et de la BAE, les choses ne vont pas mieux, dans ce meilleur des mondes. Les problèmes universitaires sur lesquels les syndicats estudiantins – toujours sur pied de guerre – fondent la raison de leurs retours, font des nids douillets au retour de la violence.

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Commentaires

Benjamin Yobouet
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hahaha décidément avant d'interdire, il faut trouver des solutions pour éviter l'infraction en elle même.