Willy Edoo Roger. Un jeune africain, vivant ailleurs…
‘Pour mieux apprendre, il faut enseigner. Avec l’intelligence artificielle, tout devient possible’ – Willy Edoo Roger, passionné des NTIC au service de la Formation.
La jeunesse africaine, à notre époque se nourrit de la culture du lointain, cultive le gout de l’ailleurs. Et pour causes : la situation socio-économique dans certains pays africains, l’inadéquation formation-emploi, le chômage et le manque d’espoir, la chronicité des crises et changements politiques, associées au couple népotisme-corruption obstruant l’égalité des chances à l’accès à l’emploi, la saturation des universités nationales cinquantenaires… Pour ces milles et une raisons, de nombreux jeunes choisissent d’immigrer ou de s’expatrier.
Willy Edoo Roger, jeune camerounais de 27 ans à l’enthousiaste communicatif et mordu d’informatique, fait partie de cette génération de jeunes africains de et dans la diaspora, qui nourrissent le rêve de créer une Afrique meilleure, grâce aux compétences qu’ils vont acquérir en Europe durant leur formation. Avec lui, on peut affirmer que le rêve se partage.
Ce jeune plein d’énergies et de sourires, sportif par moment, amoureux de théâtre et de Koffi Olomidé, nostalgique des saveurs culinaires et des fraîcheurs du lac de sa vallée natale, auteur…vit à Lille depuis septembre 2012, où il prépare un Master en Ingénierie Pédagogique multimédia. Profitant de son parcours et de son expérience à l’internationale, Willy a découvert de nombreuses potentialités que les nouvelles technologies de l’information offrent pour l’apprentissage et le développement. S’il avoue que son rêve « est d’être le plus utile à la communauté, d’aider les jeunes Africains, à s’intéresser d’avantage aux études pour faire la différence »…son souhait est que « les Etats conçoivent des programmes adaptés aux besoins des jeunes ». Au Pays des Eléphants, a rencontré, notre bonhomme qui, à cœur ouvert partage un peu de lui en répondant à nos questions.
Pourriez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours?
Permettez-moi d’entrée de dire bonjour aux abonnés de votre site et chaleureuses salutations à vous-même. Merci de m’accueillir sur votre espace de communication. Cela fait un peu plus de 27 ans que le petit Village de Nnemeyong dans le département du Dja et lobo avec “Sangmélima la belle” comme capitale départementale m’a vu naître.
C’est dans cette ville paisible et studieuse que j’ai réalisé mon parcours scolaire primaires et secondaire jusqu’en 2004 année où j’obtins mon baccalauréat. Puis je m’installai à Yaoundé pour poursuivre mes études supérieures. 3 ans après je faisais partie des rares étudiants qui sortent de la faculté de science avec une licence en biologie des organismes animaux. Après une année master en hydrobiologie et environnement pas très satisfaisante, ma passion pour les TIC m’a menée à m’inscrire en Master Technologies innovantes/informations stratégiques. J’ai obtenu mon diplôme à la fin de l’année académique et par la suite j’ai mis mon expertise au service informatique du Ministère de l’économie de la planification et de l’aménagement du territoire du Cameroun, puis au Catholic Relief Services(CRS)…avant d’effectuer un mission de 12 mois à l’AUF au Vanuatu pour développer des cours en ligne dans le cadre du prestigieux et sélectif programme de volontariat international de la francophonie.
Comment vous est venue la passion des TIC?
Dès le lycée, la médiathèque municipale de Sangmélima (dont je déplore la démolition au profit d’un restaurant au prétexte que les livres ne rapportent pas à la mairie) et la bibliothèque du lycée ont toujours été mes lieux préférés. A l’université, à la bibliothèque universitaire, je passais des heures devant l’un des quelques postes disponibles. Cela m’a permis de me former à la recherche d’informations sur ordinateur. Il faut reconnaître qu’à cette époque, l’accès à l’outil informatique n’était pas facile, la maîtrise de son utilisation sortait de l’ordinaire. C’est donc la conjugaison du besoin de connaissances et la nécessité de maîtriser cet outil qui a fait croître ma passion pour l’informatique.
Avec toutes vos activités, comment gérez-vous votre quotidien ?
Mon credo est « ne jamais limiter nos défis mais toujours défier nos limites. » Les difficultés sont des mines d’ors à exploiter. Pour y arriver je ne fais qu’une chose à la fois et pas plus de deux heures à une même chose. Je me suis rendu compte que les alertes et les discussions me volaient beaucoup de temps mais elles donnent aussi des informations intéressantes! Je me suis donné des heures précises pour traiter mes mails (deux fois par jour 11h et 15h) les réseaux sociaux dans la soirée et les médias pour l’actualité. Lorsque ces journées sont terminées, je me consacre à moi en améliorant mes compétences soit en suivant des formations en autonomie ou encore en ligne comme par exemple avec coursea. C’est un bon moyen d’apprendre et et se former sans dépenser trop d’énergie et de finances. La jeunesse africaine devrait s’approprier ce moyen.
Comment et pourquoi êtes-vous en Europe ? N’avez-vous pas trouvez d’occasion de formation sur le continent ?
L’Afrique est un continent qui n’a pas encore assez développé ses relations internes. Pour se développer, elle doit pourvoir à sa jeunesse un environnement d’affaires et d’études plus paisible et plus serein. Cultiver les échanges académiques, économiques et culturels est une nécessité pour la valorisation de sa diversité culturelle. Mon pays, le Cameroun, qui est une “Afrique en miniature”, des efforts sont faits pour l’éducation des jeunes et l’adéquation enseignements-besoins reste un challenge. Ce qui rend le rêve difficile.
Ma mission de volontariat international m’a donné l’envie d’approfondir mes connaissances dans le domaine de la formation en ligne et de l’intelligence artificielle. Des recherches sur les établissements formant dans ce domaine m’ont orienté vers Lille1 qui est parmi les quelques (2) universités en France qui proposent ce type de formation. Mes recherches m’ont permis de constater aussi que l’Algérie a des compétences dans le domaine mais malheureusement je n’ai pas pu trouver plus d’informations sur les possibilités de formation.
Pensez-vous que le volontariat apporte une valeur au (parcours)background des jeunes diplômés Africains ?
Certainement, sur le plan professionnel l’apport est important pour les jeunes diplômés de vivre une expérience professionnelle de niveau international. Au-delà les relations qui se nouent font de ces jeunes des citoyens du monde. Avec la Francophonie, l’accès aux personnalités est d’une facilité déconcertante. Au-delà les gens sont très chaleureux et loin de toutes les pressions imaginables.
Le volontariat est un système de partage d’information et de formation. Le partage de l’information permet de mieux percevoir l’impact de ces informations. Les gens bien informés peuvent en principe mieux décider. C’est ce que nous apprenons quand on vit dans la diaspora. La diaspora justement représente pour moi une partie de la population qui est à la recherche des ressources (humaines, financières, environnementales…) qu’elle n’a pas chez elle. En migrant je vais à la découverte d’autres horizons d’autres modes de penser, pour mieux comprendre les autres et me comprendre moi-même. Ce n’est que par un séjour qu’on peut mieux cerner les causes du succès. Mon souhait est que cette expérience puisse durer 2 ans minimum pour permettre aux jeunes de mieux s’approprier leur métier.
Pour terminer, vous êtes un jeune auteur. Quelque mots sur votre manuel…
Je travaille en ce moment à la mise à jour de mon livre qui parle de la conception de cours avec le logiciel Opale Avanced. Son titre c’est: L’ingénierie pédagogique avec Opale Advanced. C’est un manuel pour la conception des cours adressé aux Formateurs qui veulent utiliser ce logiciel open source, disponible en version numérique.
En attendant de vous lire, Au Pays des Eléphants, vous dit merci et à bientôt…
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