Hommage à une Cité: ABOBO

Article : Hommage à une Cité: ABOBO
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15 juin 2013

Hommage à une Cité: ABOBO

Une rue de mon Abobo (Photo BADRA)
Une rue de mon Abobo (Photo BADRA)

Je voudrais faire un slam à Abobo. Je voudrais vous présenter la cité où tout se déverse et s’évacue dans les rues. Je voudrais visiter avec vous la ville dont le maire a déboursé, parait-il 300 millions pour sa campagne. Abobo, déversoir, commue dortoir. Du matin au soir, tes grands espaces, hyper sales, lugubres et dangereux sont envahis par des sans emploi, les petits cireux, les commerçants aux méthodes et produits à vérifier, les charlatans et divers naturothérapeutes… Abobo des Gbakas, des Casses et quoi d’autre encore.

Je voudrais voyager avec vous à Abobo, ville où chacun fait sa loi. Les rues au quotidien, de cette commune, reçoivent les eaux usées et déchets de toutes sortes évacués ou déposés par ses habitants. Et dans ce salmigondis, tes fils, tes filles, tes bambins, jouent. Abobo, commune dirigée par au moins trois ministres députés et maintenant maire. Cela ne change rien à ta beauté. Il parait que tes habitants ont voté le Partie et non des individus. Je crois que souvent, une nouvelle équipe apporte des espoirs nouveaux. Abobo ma belle.Toi et ton Port Imaginaire. La ville de la convivialité. La commune la plus peuplée de la Capitale Ivoirienne. Abobo est un quartier habitat.  Je t’admire et je voudrais ici te rendre hommage pour deux raisons. Au moins.

D’abord parce qu’à force d’être surnommée Abobo la guerre, tu as fini par être une commune martyr. Martyr par ce que l’histoire raconte que tu as perdu tes femmes, te filles, tes mamans à l’occasion d’une crise poste électorale absurde. Voilà. Pour cela l’humanité, sinon la Côte d’Ivoire toute entière a reconnu ton mérite. Le mérite du sacrifice de tes amazones. Mérite pour ta résistance, pour ton Fongnon, le vent, le commando dit invisible. Sur tes marchés, sur tes maisons, dans les entrailles des tes lugubres quartiers et ghetto, les bombes sont tombées. Tombées, comme si le ciel était en colère. Et comme des mangues mures, tes fils, tes filles, tes femmes, tes mamans, nos copines, nos sœurs, nos cousines etc, sont tombées. Mortes. Raides mortes. L’horreur d’une guerre ne peut pas justifier sa cause, quand bien même des innocents meurent. Gratuitement.

Je voudrais faire un hommage à Abobo. Parce que souvent, la tranquillité que j’y trouve, m’inspire. En y séjournant parfois, je me rends compte que René Dumond, cet autre ingénieur agronome, n’avait pas tort en titrant son livre ainsi : L’Afrique noire est mal partie. Une de mes amies de longue date, pour faire de l’ironie, disait que l’Afrique noire n’est même pas partie, jusqu’à dire qu’elle est mal partie. Un autre ami, a bien voulu me faire comprendre que le développent n’est qu’un vue de l’esprit.

Connaissez-vous Abobo ? On dit que c’est la commune exception d’Abidjan. Abobo, il y a tout. Franchement. Les gbakas dont les prix augmentent et diminuent selon les positions du soleil. Il y a aussi les petits cireurs qui ont investi, la place de la Mairie du Ministre du pétrole et de l’électricité, Député, grand planteur de palmiers sur goudron… Il y a aussi les loubards  disciples du Hakirisso (Maison/ cours/ temple de la conscience) de feu Big Tangara Speed Goda. Mais à Abobo, aussi, il y a les Casses, les garages, les milliers de petits magasins qui poussent en désordre, les gares de Wôrô Wôrô, de Dina agouti pour Akekoi, autour du batiment de la Mairie qui ne ressemble pas du tout au nom qui lui est attribué. Une gare où tout est vraiment ‘’mélangé’ comme le disait l’artiste Tangara, « avec les sciences décravatée ». A Abobo, la commune de Dolo Adama dit Adama Dahico, candidat très malheureux du premier tour des dernières élections présidentielles parce que soutenu par une Majorité hypocritement Silencieuse, dont la proportion ne dépasse pas les aspirations du bas ventre d’un comédien.  Bref, ce n’est pas ici son procès.

A Abobo, il y a nos frères, avant Cissé par humour, maintenant FRCI officiellement -certainement ils sont de moins en moins nombreux, mais ils sont bien présent dans ce quartier, pardon, cette commue, la ville de la solidarité et des martyrs. Rançonnant à coup de ceinturons, et de matraques leurs anciens copains et collègues, les chauffeurs, les apprentis Gbaka etc.. Tout le reste du salmigondis qui n’a pas pris les armes pour la défense de la Nation.

Ma commune martyre, ne disposant d’aucun plan d’urbanisation, croule sous le poids des eaux usées, salles, sortant en majorité des nombreuses cours communes dont les propriétaires, n’ont jamais envisagé construire des fausses communes d’évacuation des eaux usées des ménages et même des toilettes. Pourquoi le faire. La rue appartient à tout le monde. Je verse, je verse, je me brosse devant ma porte là où mes enfants jouent, je balance mes déchets de ménage et puis ‘’YA FOHI’’. Ya rien. C’est ainsi.

Cette attitude des populations, relève bien du manque de civisme vis-à-vis de l’environnement. On peut le dire. Mais le défaut d’infrastructure criard, conduit à réviser cette position. là où il faut accuser, c’est le manque de politique d’urbanisation. Les maisons et les quartiers poussent. On peut se contenter d’un camion qui passe souvent collecter les ordures, mais c’est tuyaux beats qui débouchent sur la rue, devraient être supprimés. Les services d’hygiène et de l’environnement de la commune devraient, s’ils existent, sanctionner tous les propriétaires qui déversent des eaux usées dans les rues.

Peine perdu, ou peut-on dire que le rêve est permis ? A Abobo, personne ne réagit. Personne ne va réagir. Sauf peut-être le « Maire » ou le Président Alassane Ouattara avec ses Programmes Présidentiels d’Urgence (PPU). Selon des langues indiscrètes, le budget des dernières élections municipales s’élevait à au moins à 300 millions de FCFA. Cette somme a servi à faire campagne. A payer des milliers de T-Shirt à usage unique, à offrir aux populations des concerts géants.  Pourtant, les rues avaient besoin de plus de poubelles, de canaux de drainage, de poubelles. Mais bon. Passons, puisque nous ne connaissons pas l’avenir.

Abobo, franchement, y a pas de port, comme Kouadio de la série Ma Famille le faisait croire à sa dulcinée villageoise Amoin. Et s’il y en avait un, au moins, les ordures et les eaux usées, qui dégoulinent de partout dans ses nombreuses rues, trouveraient des points de chute, la mer. Abobo, mérite son nom et sa réputation suit, bien évidemment,environnementalement. Et nous sommes bien  dans ce mois.

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Commentaires

josianekouagheu
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C'est un slam, c'est un hommage à la cité, c'est une belle découverte pour la Camerounaise que je suis. Hormis les livres, la réalité est plus crue, plus belle! Je découvre Abobo, en dehors des livres, des films, des théâtres. Beau billet...

A.B. Ladji Coulibaly
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Merci Josiane. RDV pour tes embouteillages

Kany
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J'aime bien cette description d' Abobo , j'ai découvert ce quartier pour la première fois en vacance l'année dernière. Au début j'était bouche bée, je comprenais pourquoi on l'a surnommée "Irak" mais au final , on s'y fait, et j'ai même appris à apprécié ce quartier. Prendre le gbaka me manque eh oui ,lol Le Dokui, Azur, Anador me manque aussi même.

A.B. Ladji Coulibaly
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Bientot, je vous servirai l'AUTRE Abobo, vu de 2 Rond Point la Gendarmerie et ma Mairie. Comment ces espaces qui devraient etre la vitrine d'une commune, sont à la rigueur comparable à des FUMOIRS. Affaire à suivre ICIELA.