Lahou Kpanda, une île qui va disparaître…
Vieille ville de la capitale de la cité des 3 ô. Kpanda a fait le charme du département. A l’époque tous les bâtiments coloniaux gardaient leur cachet. Les longs et grands rôniers se dressaient fièrement et les touristes venaient de partout. Le bateau bac faisait des allers et retours incessant. Le commerce avait atteint son apogée et les tenanciers et gérants de maquis, restaurants, hôtels, se frottaient les mains à l’approche des vendredis. Encore en 1996, le groupe Zouglou « les Youlés » avait redonné l’envie de revoir, Kpanda et son paysage pittoresque.
Mais accourez-y aujourd’hui. Vous comprendrez l’impuissance humaine, face à la puissance de la nature. Ce n’est pas la destruction des mangroves, ni la démolition, pour du fer ou des tuiles, des vieux bâtiments qui en sont les causes. C’est l’eau, la mer, dans son impétuosité qui avance, ronge le sol, la bouffe, comme la chenille arrive à bout de la feuille drue.
L’eau avance, rapidement et la terre disparait tristement. Plus de phare. Plus d’électrification…Le vent de mer a eu raison d’eux. Les derniers poteaux de l’ile du Dr. Honzon, une plage privée, se sont inclinés, quoi qu’étant sur le coté lagunaire. La ville coloniale, le quartier résidentiel, a disparu et le quai du bac est au milieu de l’eau. La route. Ce tracé rouge, cette ligne longitudinale, qui s’érigeait comme une barrière décisive entre la mer et les habitations, a fléchi sur un coté, comme tout dernier rempart. A Kpanda, la terre pousse, son râle. Si épais est-il que le bruit des vagues de cet océan Atlantique, tendrement furieux et décidé, à en finir, l’étouffe.
L’avancée de la mer à Kpanda a des impacts graves sur les activités humaines et l’économie du département. La migrations des populations vers des rives plus sures et fermes a engendré la réduction des produits de mer sur le marché ainsi que l’augmentation des prix du kilogramme de poisson. Aussi, les plantations industrielles de cocotiers et toutes les activités qui en découlent, pourraient prendre un coup. Avec les modifications des niveaux de l’eau et l’ensablement de la lagune, il est impossible aux bateau convoyeurs de coprah de naviguer au risque de s’enfoncer. Enfin, avec cette nouvelle donne, le lycée professionnel des métiers de mer,a du déplacer ses bateaux d’application à Jacquevilles ou Abidjan.
Ce n’est pas du pessimisme, on aura beau crier, les moyens humains pourraient, ne pas suffir, à moins qu’ils soient colossaux et vite déployés. Au passage du premier Ministre de Côte d’Ivoire, Monsieur Jeannot Ahoussou, à l’occasion des festivités de réconciliation organisées par le député Djaha Jean ce samedi 3 novembre 2012, les populations de Lahou ont encore réitéré leur appel à l’aide afin que l’Etat puisse réagir pour les aider à sauver leur ile.
Dans l’attente d’une réponse à ce nième appel au secours adressé aux autorités politiques, nous vous invitons à naviguer sur le fleuve Bandama, la lagune de Lahou un de ces jours ; à poser le pied sur le sable de Kpanda, à admirer ces maisons en bambou, du coté encore habitable, où certains pécheurs, certainement à cause de leurs activités, sont encore présents, vous constaterez comment le drame est profond.
Photos de Alyx, Tabasky2012 à Kpanda
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