La petite mendiante et le joueur d’acordeon
Sandalettes ou espadrilles trouées, robes et pantalons en loques presque, regard ahurie, et focalisé sur les longues jambes qui passent. Mode d’été oblige. Ses yeux sont livides, sans hontes. Petite assiette en main, ouvrant la route au joueur d’accordéon, qui semble être son père, elle fredonne une chansonnette n’ayant aucun lien avec l’air joué.
Voici l’image de la petite Aida que je rencontre souvent quand, j’entends un son d’accordéon mal accordé par sa vétusté. Ce soir, j’ai revu le couple insolite, en dessous des ponts Grosevici. Je venais de faire ripaille après la rupture du jeûne. Et eux, guettaient le premier tram bondé de monde pour espérer mendier quelques billets.
J’ai eu pitié, et je me suis efforcer d’annihilé en moi cette mauvaise pensée, ce mauvais sentiment. J’ai eu plutôt de la compassion et un sourire. Que le monde est uni dans sa diversité!
Aida, 8 ans. Observant ces belles passantes, parées de chinoiserie. Elle n’est pas faite pour l’école, peut-être, ni mettra jamais les pieds. Condamnée, presque pour le moment, à écouter le même tintamarre avec lequel son père essaye de gagner pitance. Il faut bien la mériter. La petite musique, dans cette chaleur irrite, mais en cet été, apporte un petitcharme dans ces trams pourris.
Aida m’a souri, s’est arrêtée devant moi, l’assiette tendue. Elle s’interrogeait certainement de mon inaction, de toutes les choses qui pouvaient trotter dans ma petite tête en la voyant. Elle a été déçue. Peut-être, car les talents de son père ne m’ont pas convaincu.
Vie de gitans, vie de petite ROM, vie de Noir, la débrouille est, de tout monde. Cette image de Aida est l’image de tous les petits mendiants. Quand la pauvreté, la misère rongent la populace, des idées viennent à quelques parents qui, n’ont pas encore compris, qu’il ne s’agit pas seulement de faire des enfants, mais aussi et surtout de planifier un avenir pour ceux-ci. Dans cette situation, l’enfance est volée, l’avenir compromis. Plus, qu’une question de droit, c’est une question d’humanité qui se pose, tout comme celle de la responsabilité. Quand on n’as pas assez, on adapte sa vie à ses moyens.
Aida, notre petite, n’a pas le choix. Elle se trouve au cœur d’un système. Son avenir dépend de son rendement quotidien. De ce qu’elle encaisse quand son père joue. Son avenir se trouve dans son assiette. Cette assiette que grand nombres d’ONG en Roumanie, essayent d’enlever des mains de ces jeunes vies. Mais tout succès semble être recommencement.
Alyx
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